LA COLLINE EN UN COUP D’ŒIL
Surplombant la ville de Ronchamp (Haute-Saône - Bourgogne-Franche-Comté) la Colline Notre-Dame du Haut est un haut lieu d’architecture moderne et un lieu de pèlerinage marial multiséculaire. Trois architectes ont œuvré au sommet de cette Colline : Le Corbusier, Jean Prouvé puis Renzo Piano.
LE CORBUSIER
La Chaux-de-Fonds (Suisse), 1887
Roquebrune-Cap-Martin (06), 1965
Architecte, peintre, sculpteur, poète, designer, Le Corbusier de son vrai nom Charles-Édouard Jeanneret-Gris apparaît dès les années 1920 comme le penseur de la modernité et comme un artiste complet.
Grand théoricien, Le Corbusier apparaît comme une personnalité phare du mouvement moderne. Il en donne une définition visuelle à travers les « cinq points d’architecture », théorisant l’utilisation du plan et de la façade libre, du principe des pilotis, de la fenêtre bandeau et du toit terrasse. Il plaide pour la rationalisation de la construction et l’utilisation massive des matériaux nouveaux, en particulier du béton dont il aime la pureté et le rendu. On parle d’ailleurs de « brutalisme » pour désigner cette esthétique du béton brut de décoffrage. L’architecte cherche également à donner la plus grande cohérence à ses œuvres en élaborant le « Modulor », système de proportions universelles fondé sur l’échelle humaine.
SES CONSTRUCTIONS SUR LA COLLINE
En 1955, Le Corbusier inaugure ses chefs-d’œuvre : la chapelle Notre-Dame du Haut, deux maisons (l’abri du pèlerin et la maison du chapelain) et une pyramide de la paix, monument commandé par les anciens combattants de Ronchamp, qui souhaitaient commémorer les combats survenus pour la libération du village.
Les quatre réalisations à Ronchamp sont inscrites sur la liste du Patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO avec 16 autres sites de Le Corbusier dans le cadre d’une série « L’œuvre architecturale de Le Corbusier, une contribution exceptionnelle au mouvement moderne ».
« EN BÂTISSANT CETTE CHAPELLE, J’AI VOULU CRÉER UN LIEU DE SILENCE, DE PRIÈRE, DE PAIX, DE JOIE INTÉRIEURE »
Le Corbusier
JEAN PROUVÉ
Paris (75), 1901
Nancy (54), 1984
Ayant étudié la ferronnerie d’art, le métal resta toute sa carrière la matière première de sa réflexion. Jean Prouvé est dès les années 1930 un architecte et dessinateur de meubles d’une grande modernité.
Son crédo : créer du mobilier bien dessiné, confortable et fonctionnel, accessible à toutes les bourses. C’est ainsi qu’il réfléchit mûrement à la fabrication en série de ses créations, domaine dans lequel il est reconnu comme un pionnier en France.
A la demande du chapelain l’abbé Bolle-redat, Jean Prouvé réalise en 1975, le campanile (portique à trois cloches), l’une des rares œuvres religieuses de cet architecte et designer.
SA CONSTRUCTION SUR LA COLLINE
Le Corbusier, artiste moderne, ne souhaitait pas de musique traditionnelle dans sa chapelle, mais de la musique électronique – l’installation prévue n’a jamais été réalisée. Il n’a donc pas voulu réemployer les deux cloches du XIXe siècle de Notre-Dame du Haut, qui ont été remisées.
Ainsi Le chapelain René Bolle- Reddat commande dans les années 1970 la réalisation d’un campanile – un clocher séparé de l’église – à l’architecte et designer Jean Prouvé, afin de pouvoir appeler les fidèles à la messe.
Le campanile est inauguré en 1975, pour les 20 ans de la chapelle.
La structure, très simple, se compose de quatre piliers en acier supportant les trois cloches.
Les deux cloches du XIXe siècle sont suspendues à droite. La petite dernière, baptisée Charlotte-Amélie-Yvonne- Marie en mémoire de la mère et de la femme de Le Corbusier, est fondue à Annecy en 1975. Des dessins de Le Corbusier l’ornent : la main ouverte et la croix dessinée pour Ronchamp en sont les éléments principaux.
« A CÔTÉ DE L’ŒUVRE DE CORBU, IL NE FAUT PAS FAIRE DE BÊTISES, PAS DÉTONNER »
Jean Prouvé
RENZO PIANO
Gênes (Italie), 1937
Perpétuant la tradition humaniste chère à Le Corbusier, Renzo Piano s’est quant à lui engagé dans la construction de structures culturelles. Il se distingue par la réalisation de nombreux musées (Centre Pompidou à Paris avec Richard Rogers (1977), Centre culturel Tjibaou à Nouméa (1998)), où la légèreté de la construction et des matériaux constitue toujours sa réflexion fondamentale.
Il recherche la lumière naturelle et la finesse des structures, favorisant l’adéquation de l’homme avec son environnement.
Conçues dans l’optique d’une architecture durable, ses œuvres respectent et répondent au milieu dans lequel elles sont insérées, utilisant au mieux les avantages et les contraintes du terrain.
Personnalité modeste et d’un abord facile, son sens du détail confère à ses réalisations une perfection irréprochable. À la différence de Le Corbusier, il emploie surtout l’acier et le verre comme matériaux, mais sait s’adapter au lieu et à la commande – comme à Ronchamp où tout est élevé en béton.
SES CONSTRUCTIONS SUR LA COLLINE
La construction d’un monastère est envisagée dès 2003 pour assurer sur la colline, une présence religieuse à demeure. Ainsi, l’association propriétaire – AONDH- fait appel à Renzo Piano pour mener à bien ce projet.
Lorsque Renzo Piano est appelé à Ronchamp pour y bâtir le monastère Sainte-Claire, on lui confie également la tâche de remplacer le vieil accueil, inadapté pour recevoir les nombreux visiteurs et peu harmonieux avec le site. C’est ainsi que naît la porterie, construite entre 2009 et 2011.
« UN CHANTIER : BEAUCOUP DE TRAVAIL, DE PASSION, DE FOI ET D’ESPOIR »
Renzo Piano