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LA GENÈSE DE LA PYRAMIDE
La pyramide est construite peu avant l’inauguration de la chapelle. Elle est constituée du reste des pierres de l’ancienne chapelle détruite pendant la guerre. C’est un monument aux morts commandé par les anciens combattants de Ronchamp. Sa forme rappelle les pyramides d’Amérique centrale, probablement parce qu’on y pratiquait des sacrifices humains, à l’image de celui des soldats de 1944. On peut aussi gravir ses degrés pour suivre les messes de pèlerinage.
UNE CONSTRUCTION FONDAMENTALE
Les visiteurs s’interrogent très souvent sur cette étrange édification abstraite et sans âge positionnée à l’angle nord-est de l’esplanade. La pyramide de huit niveaux de gradins décentrés, accessibles par deux volées d’escalier, offrent aux visiteurs des points de vues variés sur l’esplanade et sur le chœur extérieur de la chapelle. Lors des pèlerinages et lors des célébrations extérieures, les fidèles s’y regroupent pour bénéficier d’une vue plongeante sur l’espace liturgique. Cette construction est bien de Le Corbusier. Elle est contemporaine de l’ensemble des éléments du site. Vers la fin du chantier, Maisonnier interroge l’architecte au sujet de ce reste de matériaux inemployés dispersés sur le terrain. Le maître s’oppose à leur évacuation: « on en fera bien quelque chose ». Il faut rappeler que l’ensemble des matériaux de la ruine, eux-mêmes réemplois des transformations successives au cours des siècles, constitue pour la chapelle d’aujourd’hui les murs d’enveloppe à l’exception du mur sud.
La demande de la part de l’Institution militaire d’un monument faisant mémoire des combats violents qui se sont déroulés sur la colline en 1944 offre l’opportunité de se saisir de ce surplus de matériau. Le mémorial se décline sous la forme de l’archétype le plus primitif des constructions humaines, forme stable à l’image du tas de sable, souvenir de Yucatan, ou Saqqarah. Le Corbusier complètera ce mémorial par une stèle verticale coiffée de la colombe de la paix, réalisée à partir d’une sculpture de Maisonnier.
La rigueur géométrique du carré de 6 mètres de côté, pour une hauteur de 4,5O mètres, orienté suivant les quatre points cardinaux, constitue la butte témoin. Elle est la référence et commande le positionnement cosmique de tous les éléments de la colline soumis à la course du soleil.
L’usage de gradins pour les pèlerins nous rappelle les toutes premières esquisses de l’architecte: la grande paroi est de l’édifice s’ouvrait sur une esplanade en corbeille au pourtour relevé à l’image d’un amphithéâtre. Cette disposition projectuelle fut rapidement abandonnée au bénéfice d’un dépouillement au plus près du plateau naturel du sommet de la colline. Les usages permis par ce praticable que constitue la pyramide ne sont pas sans rappeler les intentions premières de Le Corbusier d’organiser l’espace dans ses compétences visuelles et acoustiques. Comme la chapelle, ce mémorial et classé au titre des monuments historiques.